Exposée à tous les vents (Elle ne s'appelle pas Ker Avel pour rien) et à des paysages marins enchanteurs sur trois de ses façades, la bâtisse principale, de style vaguement écossais, a été édifiée en 1903 par Gustave Eiffel pour son fils Albert.
Elle est adossée à un amoncellement granitique surmonté d'un rocher célèbre en forme de bicorne : le chapeau de Napoléon.
Albert, le concepteur du jardin y a fait tracer des chemins labyrinthiques entre les blocs de granit. Les enfants de ses descendants l'en remercient encore pour les parties de cache-cache qu'ils procurent.
De l'autre côté du chaos granitique, une petite maison de pêcheur datant de, 1850 et antérieure aux Eiffel, bénéficie d'une atmosphère plus paisible, à l'abri des rochers, des regards, entourée de pelouses piquées de pins géants.
Gustave Eiffel y fit plus que des séjours, il y installa dès 1906 une station météorologique, avec des anémomètres et appareils pour mesurer l'aérodynamie. Certaines mesures étaient prises en haut de l'ancien phare de Men Ruz, d'autres directement en haut du Chapeau de Napoléon, bien moins entouré d'arbres qu'aujourd'hui. Ses constructions sont célèbres ; on connaît moins l'apport de Gustave Eiffel à la météorologie et à ses travaux sur la résistance à l'air qui ont servi à l'aéronautique naissante. Merci les vents de Ploum...
En 1944, ce « Chapeau de Napoléon » servira de nom de code à l'insurrection générale devant empêcher l'arrivée des renforts allemands sur le front de Normandie.
Sur son blog, Philippe Coupérie, l'un des descendants, ne se souvient pas d'Albert, mort en 1945, mais il se rappelle avec bonheur de l'esprit familial entretenu par les séjours ploumanacains. « L'unité se renforçait lors de ces séjours. Les plus petits adoraient le club Mickey, sur la plage. Nous partions à la pêche sur le Morgane qui mouillait dans la baie. »
Certaines branches de la famille venaient plutôt en juillet, l'autre en août. Pour une des petites filles de Gustave, ça a toujours été août : « Quel bonheur c'était, toutes ces années, de s'étendre au soleil sur nos transats, toujours près des mêmes rochers, de retrouver les mêmes amis chaque été, tandis que les enfants jouaient à côté. Il y a une sonorité particulière sur cette plage, intime, familiale, sans doute due à tous les rochers qui entourent la baie... »